par Content Manager | 8 Sep 2025 | Formation, Formation Entreprise, Management & Organisation, Non classé, Ressources Humaines
Près de 40 % des entreprises suisses reconnaissent ne pas avoir de stratégie claire pour préserver leurs savoirs critiques (OFS, 2023). Tandis que les départs à la retraite s’intensifient et que les métiers évoluent rapidement, structurer le transfert de compétences ne peut plus être laissé au hasard. Or, cet enjeu exige bien plus que du bon sens : il convoque des compétences spécifiques en communication, pédagogie, animation de groupe et évaluation – encore trop peu mobilisées dans les organisations.
Communiquer pour transmettre : fondement du transfert de compétences
Transmettre un savoir ne revient pas simplement à « expliquer clairement ». Cela implique de comprendre comment circule l’information, comment elle est reçue, interprétée, intégrée – ou rejetée. La communication est au cœur de la relation pédagogique. Elle structure les échanges, clarifie les attentes et permet de réguler les malentendus.
Selon les travaux de l’Université de Genève, les freins à la communication — qu’ils soient cognitifs, émotionnels ou contextuels — impactent directement l’apprentissage. En contexte de formation, cela signifie que la qualité de l’écoute, la capacité de reformulation et la clarté des messages sont décisives pour un transfert de compétences durable.
Pourquoi c’est important ?
Une mauvaise communication en formation génère frustration, perte d’attention et décrochage. À l’inverse, une relation pédagogique bien construite augmente significativement la rétention des savoirs et l’engagement des apprenants.
Le groupe : facteur d’apprentissage ou facteur de blocage ?
La formation en entreprise se déroule rarement en tête-à-tête. Elle implique des groupes : équipes projet, promotions internes, nouveaux arrivants. Le groupe est à la fois contexte d’apprentissage et acteur de la dynamique pédagogique dans la transmission des compétences.
Les recherches en psychologie sociale et en pédagogie (Piaget, Vygotski, Kolb) ont montré que les groupes peuvent renforcer l’ancrage des savoirs par les interactions entre pairs, le partage d’expériences et la confrontation bienveillante. Mais cela suppose une animation rigoureuse : gestion du rythme, prise en compte des personnalités, régulation des tensions, valorisation de chaque membre.
Quel impact en entreprise ?
Un groupe bien animé stimule l’intelligence collective et crée un climat de confiance propice à l’appropriation des savoirs. À l’inverse, un groupe mal géré peut inhiber la parole, créer de la résistance ou saboter l’apprentissage.
L’apprenant adulte : autonome mais pas autodidacte
Contrairement aux enfants, les adultes ne reçoivent pas un savoir comme une autorité extérieure : ils doivent le comprendre, l’intégrer, et surtout y voir un sens. C’est le fondement de l’andragogie, approche pédagogique développée dans les années 1970 par Malcolm Knowles, et largement enseignée aujourd’hui en Suisse..
Les adultes apprennent mieux lorsqu’ils :
- comprennent la finalité de ce qu’ils apprennent,
- peuvent relier le contenu à leur vécu professionnel,
- disposent d’un cadre qui respecte leurs rythmes cognitifs et émotionnels.
Pourquoi structurer cette approche ?
Parce qu’un apprenant adulte peut résister au changement, douter de sa légitimité ou se sentir fragilisé. Concevoir des formations qui prennent en compte ces réalités permet de sécuriser le parcours, faciliter la transmission des compétences et de maximiser la motivation à apprendre.
Apprendre activement : des méthodes qui mobilisent
Le formateur d’aujourd’hui doit jongler entre plusieurs modalités : cours magistral, mise en situation, jeu de rôle, étude de cas, auto-évaluation, etc. Chaque méthode répond à un besoin pédagogique différent. Les méthodes actives, comme le cycle de Kolb (expérimenter, observer, conceptualiser, réessayer), sont particulièrement efficaces pour transformer un savoir théorique en compétence mobilisable sur le terrain.
Quel bénéfice pour l’entreprise ?
Un collaborateur formé par des méthodes actives retient davantage, applique plus vite, et s’adapte plus efficacement à des environnements complexes. Cela rend la formation plus rentable, en termes d’investissement RH.
Évaluer pour ajuster, ancrer et transférer
L’évaluation est trop souvent réduite à un questionnaire de satisfaction ou à un quiz de fin de session. Pourtant, en pédagogie des adultes, il s’agit aussi d’évaluer :
- la compréhension réelle du contenu,
- la capacité à l’appliquer en contexte,
- la dynamique de groupe et son impact sur l’apprentissage,
- l’évolution des pratiques professionnelles sur la durée.
Pourquoi aller au-delà du contrôle des acquis ?
Parce que l’évaluation est un outil d’apprentissage en soi. Elle permet de réguler en temps réel, de valoriser les progrès, d’identifier les freins, et surtout de valider le transfert des compétences vers l’activité quotidienne (OECD, 2024).
Faire du savoir un levier d’avenir
Le transfert de compétences n’est pas une action ponctuelle. C’est un processus systémique, ancré dans la qualité de la communication, la gestion des groupes, la compréhension fine des mécanismes d’apprentissage et une évaluation structurée. Maîtriser ces leviers, c’est transformer le savoir individuel en intelligence collective durable.
📌 Pour aller plus loin, une formation Swissnova permet d’explorer ces leviers en profondeur, en professionnalisant la posture de formateur interne.
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par Content Manager | 2 Sep 2025 | Formation Entreprise, Management & Leadership, Non classé, Ressources Humaines
Le dialogue intergénérationnel en entreprise devient un enjeu de transformation culturelle. Flexibles mais exigeants, les jeunes actifs bousculent les codes managériaux traditionnels. Les responsables RH doivent-ils y voir une contrainte ou une opportunité ?
Une tension intergénérationnelle réelle mais féconde
Des attentes profondément divergentes
Le dialogue entre générations en entreprise n’a jamais été aussi mis à l’épreuve. D’un côté, les générations X et Baby Boomers, encore bien représentées dans les postes de direction en Suisse, valorisent la loyauté, la stabilité et des carrières linéaires. De l’autre, les générations Y (nées entre 1980 et 1995) et Z (nées après 1995) arrivent avec des attentes inédites. Elles recherchent du sens, une reconnaissance rapide, une flexibilité accrue et un rapport plus horizontal à l’autorité.
Selon le rapport Global Gen Z and Millennial Survey de Deloitte (2023), 74 % des moins de 35 ans en Suisse placent la qualité de vie au travail avant le salaire. Ce chiffre contraste fortement avec la génération X, pour qui la sécurité de l’emploi et la progression hiérarchique restent prioritaires. Le fossé n’est pas uniquement comportemental : il traduit une transformation du contrat psychologique entre l’individu et l’organisation.
Plutôt que de s’en tenir à des jugements comportementaux tels que « Ils ne veulent plus s’engager » ou « Ils ne comprennent pas le monde actuel », il est essentiel d’explorer les fondements de cette évolution. Les jeunes générations ont été façonnées par des crises répétées : économiques, climatiques et sanitaires. Elles ont intégré l’idée que la stabilité n’était plus garantie. Leur rapport au travail s’en trouve modifié : il ne s’agit plus d’y rester longtemps, mais d’y trouver une expérience utile, porteuse de sens et alignée avec leurs valeurs.
Vers une transformation culturelle du travail
Ce changement de paradigme impose aux RH et aux managers de repenser leurs approches en profondeur. Il ne s’agit plus simplement d’adapter des outils ou de corriger des dysfonctionnements ponctuels, mais bien d’engager une transformation culturelle qui reconnaît et valorise la pluralité des attentes et des trajectoires professionnelles. Cela suppose d’instaurer un véritable dialogue organisationnel et intergénérationnel : un espace de régulation où les représentations divergentes du travail peuvent s’exprimer, se confronter et s’enrichir mutuellement. Des phrases comme « Ils ne veulent plus s’engager » ou « Ils ne comprennent pas le monde d’aujourd’hui » illustrent souvent la crispation mutuelle. Mais derrière ces jugements rapides, c’est une incompréhension plus structurelle qui se joue, liée à des référentiels différents sur la temporalité, l’engagement, ou encore la finalité du travail.
Des tensions anciennes dans un contexte nouveau
Ces tensions ne sont pas nouvelles, mais elles prennent une ampleur inédite dans un contexte post-COVID marqué par la digitalisation, la flexibilisation du travail et une redéfinition des priorités de vie. La question n’est donc plus de faire coexister les générations, mais de savoir comment faire dialoguer efficacement des visions du monde fondamentalement différentes.
Une réalité suisse marquée par la diversité des contextes
La Suisse n’est pas un pays uniforme. Cette mosaïque linguistique et culturelle se reflète directement dans le monde du travail. Une enquête de l’Université de Lausanne (2022), menée dans plusieurs cantons, met en lumière des différences marquées dans les attentes professionnelles selon les régions : les jeunes employés alémaniques valorisent davantage l’autonomie, tandis que ceux de Suisse romande placent plus haut la transparence, le climat d’équipe et la reconnaissance. En Suisse italienne, on observe une attente plus hiérarchisée, avec un besoin clair d’identification des rôles et responsabilités.
Une diversité régionale à intégrer dans les pratiques RH
Ces nuances cantonales, qui s’ajoutent aux écarts générationnels, complexifient la tâche des services RH. Là où un modèle de management collaboratif et horizontal fonctionne à Genève, il peut susciter de la confusion ou de la défiance à Saint-Gall ou à Lugano s’il n’est pas correctement contextualisé.
Plutôt que d’imposer un modèle unique de gestion intergénérationnelle, les entreprises suisses ont tout intérêt à adapter leurs pratiques selon le territoire et le profil culturel des équipes. Cela demande un effort supplémentaire : analyse des attentes, ajustement du style de communication, modulation des dispositifs de reconnaissance. Mais c’est aussi une formidable occasion d’enrichir la culture d’entreprise et de favoriser des passerelles entre réalités parfois cloisonnées.
Le rôle stratégique des RH suisses
Dans ce cadre, les RH jouent un rôle clé d’observateurs, de facilitateurs et de médiateurs multiculturels. En comprenant les ancrages territoriaux et générationnels des collaborateurs, ils deviennent de véritables architectes de la cohésion interne.
Repenser les pratiques managériales : une opportunité
Une nouvelle conception du rôle managérial
Le renouvellement générationnel en entreprise ne peut être abordé uniquement à travers la logique du « changement de style ». Il nous confronte, plus profondément, à une transformation des rapports au savoir, à l’autorité et au collectif. Si les attentes des générations Y et Z bousculent les repères managériaux hérités du XXe siècle, elles révèlent surtout une aspiration croissante à un travail vécu comme un espace de sens, de développement et de contribution réelle Le dialogue intergénérationnel en entreprise suisse ne se limite pas à la gestion des différences : il devient un révélateur des cultures implicites de travail.
Dans ce contexte, la formation n’est pas un outil correctif, mais un espace réflexif. Elle permet de déconstruire des habitudes managériales souvent implicites, issues d’une culture de la conformité ou de l’efficacité pure, pour les ouvrir à d’autres logiques : reconnaissance, expérimentation, coopération intergénérationnelle. C’est dans ce cadre que se redéfinit le rôle du manager, non plus comme simple pilote d’activité, mais comme accompagnateur de trajectoires, garant d’un cadre clair et porteur de sens.
Former autrement pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui
Les approches pédagogiques doivent elles aussi évoluer. Il ne s’agit plus de transmettre un savoir figé, mais de créer les conditions d’un apprentissage vivant, ancré dans les réalités de terrain. Le dialogue entre pairs, les études de cas intergénérationnels, la mise en situation réelle deviennent les leviers d’une montée en compétence véritablement transformatrice. Cette dynamique appelle à revaloriser les compétences dites « relationnelles » : capacité d’écoute, gestion du désaccord, médiation entre logiques de temps différentes, etc.
Former dans ce cadre, c’est donner aux managers les outils pour décoder les comportements, anticiper les malentendus et ouvrir des espaces de régulation. Cela exige du temps, de l’engagement et une posture humble. Mais c’est aussi, à terme, ce qui permet de construire une culture du travail durable, inclusive et plus cohérente avec les aspirations du monde contemporain.
Créer les conditions d’un apprentissage collectif durable
On ne pilote pas les attentes des nouvelles générations, on apprend à les comprendre. C’est cette posture d’apprentissage — individuel et organisationnel — que la formation professionnelle peut soutenir si elle est pensée non pas comme une réponse à un problème, mais comme une exploration active des mutations du travail.
Décoder les logiques générationnelles pour mieux collaborer
Une évolution façonnée par les crises
Parler de générations, c’est prendre le risque de généraliser. Pourtant, ignorer ces grandes tendances reviendrait à passer à côté d’un levier de compréhension puissant dans le monde du travail. Ce que les générations Y et Z expriment, ce n’est pas une rupture arbitraire avec le passé, mais une transformation du rapport au travail façonnée par des contextes inédits : crises économiques, urgence climatique, digitalisation accélérée.
Ce que veulent vraiment les générations Y et Z
La génération Y, adulte dans un monde instable, aspire à un travail qui a du sens et qui lui permet d’apprendre, d’évoluer, de contribuer. Elle ne cherche pas un simple emploi, mais un projet qui fasse écho à ses valeurs. Elle attend de son entreprise qu’elle soit transparente, responsable et inclusive. La génération Z pousse ces exigences plus loin : elle ne négocie pas son autonomie, elle l’attend par défaut. Elle souhaite des relations égalitaires, un accès direct aux décisions, et un feedback constant.
Ces attentes ne sont pas des caprices, elles traduisent une conception renouvelée de la place du travail dans la vie : il n’est plus au centre, mais il doit avoir du sens. Cette approche peut dérouter les managers formés dans un autre paradigme. D’où l’importance de les accompagner dans cette lecture culturelle. Le rôle des RH n’est pas d’uniformiser, mais de créer les conditions pour que ces visions du travail, parfois opposées, puissent dialoguer. L’enjeu n’est pas de contraindre les jeunes à s’adapter, mais de structurer un dialogue intergénérationnel en entreprise capable de traduire les aspirations multiples.
Revisiter les outils RH traditionnels
Cela suppose d’interroger nos outils : les entretiens annuels sont-ils encore pertinents ? Le feedback est-il un moment rare ou un échange continu ? Le développement professionnel est-il réservé aux hauts potentiels ou accessible à chacun ?
La formation devient ici un espace de prise de recul collectif. Elle permet de revisiter ces dispositifs avec un regard critique, de les ajuster pour qu’ils fassent sens auprès de toutes les générations. Ce travail d’alignement ne vise pas à lisser les différences, mais à les rendre fécondes. Car c’est souvent dans l’écart — entre rythmes, attentes et références — que naissent les innovations managériales les plus fertiles.
RH : un rôle de médiateur générationnel
Un rôle pivot entre cultures
Face aux attentes contrastées des différentes générations, les services RH ne peuvent plus se contenter d’une approche administrative ou simplement opérationnelle. Leur rôle s’élargit désormais à celui de médiateur culturel. Il ne s’agit pas seulement de répondre aux besoins logistiques d’un personnel diversifié, mais de créer les conditions pour que cette diversité produise de la valeur collective.
Cela suppose une écoute active des signaux faibles : désengagement silencieux des jeunes, tensions implicites dans les équipes, incompréhensions autour des modes de communication ou des critères de performance. La médiation générationnelle passe par une capacité à décoder ces frictions et à les transformer en leviers d’ajustement.
Formaliser des espaces de dialogue intergénérationnel
La diversité générationnelle n’est pas une variable à « gérer » mais une dynamique à orchestrer. Pour cela, les RH doivent instaurer des espaces de parole où les représentations du travail, du temps, de la hiérarchie et du sens peuvent être mises en discussion. Ces conversations ne doivent pas rester anecdotiques ou ponctuelles. Elles doivent s’inscrire dans une gouvernance du travail ouverte, capable d’accueillir les désaccords comme des ressources.
Selon une étude de PwC Suisse (Future of People and Organisation, 2022), les entreprises qui favorisent une culture inclusive et intergénérationnelle constatent jusqu’à 30 % d’amélioration dans l’engagement collaborateur et la capacité d’innovation (source). Une donnée qui souligne l’impact stratégique de cette médiation sur la performance organisationnelle.
Comprendre les représentations générationnelles
De même, l’étude menée par Qualinsight en 2024 auprès de plus de 600 jeunes de Suisse romande confirme que les générations montantes attendent davantage de reconnaissance personnalisée, d’espaces d’écoute et d’implication dans les processus de décision ( Qualinsight – Étude Gen Z 2024). Pour répondre à ces attentes, les RH doivent réinventer leurs pratiques, non en cherchant à tout satisfaire, mais en clarifiant les règles du jeu et en assumant un rôle de facilitateur de sens.
Cette dynamique est confirmée par l’étude SwissSkills 2023, qui souligne que les jeunes suisses de 17 à 27 ans attendent des formations concrètes, alignées sur le monde professionnel et intégrant davantage d’autonomie dans l’apprentissage. L’étude révèle aussi que 54 % des répondants souhaitent une orientation professionnelle plus tardive, mieux liée à l’expérience réelle (SwissSkills Report 2023).
Déployer des leviers d’intelligence collective
Dans cette optique, des dispositifs tels que les baromètres internes de satisfaction, les focus groups générationnels, les entretiens qualitatifs croisés ou le feedback inversé (où les jeunes évaluent les pratiques managériales) prennent tout leur sens. Ils ne servent pas à produire du consensus, mais à cultiver la compréhension mutuelle — condition essentielle pour bâtir une culture d’entreprise résiliente et engagée.
Dans cette perspective, les entreprises suisses peuvent bénéficier d’un accompagnement externe pour structurer ces démarches de manière ciblée, sans alourdir leur fonctionnement. Avec son expertise en dynamique intergénérationnelle et en transformation culturelle, Swissnova intervient aux côtés des équipes RH et managériales pour faciliter l’émergence de dispositifs concrets, adaptés à la réalité du terrain. Il ne s’agit pas de plaquer des solutions prêtes à l’emploi, mais de co-construire des approches durables, alignées avec les valeurs et les objectifs de chaque organisation.
Une nouvelle culture du travail à co-construire
La cohabitation des générations en entreprise n’est pas une équation à résoudre, mais une richesse à orchestrer. Cela ne signifie pas gommer les différences, mais apprendre à en faire des ressources actives. Le dialogue entre visions du travail ne se décrète pas — il se construit, pas à pas, dans les pratiques, les postures et les dispositifs concrets.
En Suisse, où l’innovation sociale s’enracine dans une culture du consensus et de la responsabilité partagée, les conditions sont réunies pour transformer ces enjeux en véritables leviers de renouvellement managérial. Mais cela suppose de dépasser la logique de l’ajustement ponctuel. Il faut penser ces transformations à l’échelle des systèmes : systèmes de reconnaissance, de communication, d’apprentissage.
Vers un nouveau contrat social du travail
C’est dans cette direction que s’ouvrent les réflexions les plus fécondes. Et si, plutôt que de chercher à intégrer les nouvelles générations, on les considérait comme des partenaires d’un nouveau contrat social du travail ? Un contrat plus horizontal, plus flexible, mais aussi plus exigeant en termes d’alignement entre les discours et les pratiques.
Ce chemin ne se fait pas seul. Il appelle à la collaboration entre RH, direction, formateurs, collaborateurs — et à une posture d’apprentissage permanent. Et si le dialogue intergénérationnel en entreprise devenait le point de départ d’un nouveau contrat culturel du travail ?
Pour aller plus loin,Swissnova permet d’explorer ces leviers en profondeur.*
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par Content Manager | 28 Juil 2025 | Apprendre, compétences, Formation, Non classé, Ressources Humaines
Oublier ce qu’on a appris la veille d’une formation : une expérience familière pour nombre de collaborateurs et de responsables RH. Pourtant, les avancées en neurosciences montrent qu’il est possible d’apprendre mieux, durablement, et avec plaisir. En Suisse, ces apports scientifiques s’invitent peu à peu dans les dispositifs de formation – jusqu’à transformer l’accompagnement des apprentis.
L’apprentissage, une compétence à (ré)apprendre
La formation continue n’est plus un luxe, mais une nécessité stratégique pour les entreprises suisses. Pourtant, une question persiste : pourquoi certains retiennent et appliquent facilement ce qu’ils apprennent… tandis que d’autres oublient dès le lendemain ? À cette interrogation, les neurosciences commencent à apporter des réponses précieuses.
Depuis une quinzaine d’années, les recherches en cognition ont mis en évidence des mécanismes précis qui favorisent (ou freinent) la mémorisation, la concentration et la compréhension en contexte professionnel. Or, ces leviers sont encore trop peu exploités dans la conception des formations en entreprise.
Ce que les neurosciences nous apprennent sur l’apprentissage
Selon le Centre interfacultaire en sciences affectives de l’Université de Genève, l’apprentissage est fortement influencé par l’émotion, la motivation et l’attention soutenue – trois éléments activement modifiables en formation. La plasticité cérébrale, par exemple, montre que le cerveau est capable de réorganiser ses connexions tout au long de la vie, à condition d’y être stimulé de façon adaptée.
Des méthodes issues des recherches en neurosciences éducatives permettent aujourd’hui :
- de faciliter la mémorisation par l’ancrage multisensoriel ;
- d’encourager une pédagogie active et participative ;
- de limiter la surcharge cognitive grâce à des séquences d’apprentissage mieux structurées ;
- de renforcer la consolidation des connaissances via le rappel actif.
Ces approches s’éloignent des formations magistrales pour proposer des expériences plus engageantes, souvent ludiques, mais scientifiquement fondées.
En Suisse, les neurosciences s’invitent dans les pratiques de formation
En Suisse, l’intérêt croissant pour les sciences cognitives se traduit par une évolution progressive des pratiques pédagogiques en entreprise. Plusieurs responsables formation explorent des approches fondées sur la stimulation cognitive active, inspirées des travaux en neurosciences sur la mémorisation, l’attention et l’engagement.
Des outils comme les jeux cognitifs, les cartes mentales, ou encore les techniques de rappel actif sont de plus en plus utilisés pour favoriser l’ancrage des apprentissages. Ces méthodes s’appuient sur des principes validés scientifiquement, notamment ceux décrits par Stanislas Dehaene ou John Sweller sur la charge cognitive.
Les retours d’expérience collectés dans divers secteurs – horlogerie, services publics, PME technologiques – indiquent un impact positif sur la motivation, la participation active et la rétention des connaissances, mais aussi sur la cohésion des équipes apprenantes.
Les apprentis, terrain d’innovation pédagogique en Suisse
En Suisse, la formation duale concerne près de deux tiers des jeunes au sortir de la scolarité obligatoire, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS, 2023). Ce modèle, fondé sur l’alternance entre école professionnelle et entreprise, offre un terrain propice à l’innovation pédagogique – en particulier pour répondre à une difficulté souvent sous-estimée : apprendre efficacement.
Plusieurs études montrent que les jeunes en apprentissage peinent à structurer leurs révisions, à gérer leur charge cognitive ou à mobiliser des méthodes de mémorisation adaptées. Une enquête menée par l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP) indique que près de 40 % des apprentis estiment ne pas savoir “comment bien apprendre”, malgré de bons niveaux de motivation.
Face à ce constat, certains programmes testent des approches basées sur les sciences cognitives. Ces ateliers proposent aux jeunes des outils concrets : cartes heuristiques, jeux d’évocation mentale, méthodes d’espacement des révisions, techniques de rappel actif ou de gestion de l’attention.
Ces pratiques s’appuient sur des travaux reconnus, notamment ceux de Stanislas Dehaene, qui identifie quatre conditions essentielles à un apprentissage durable : l’attention dirigée, l’engagement actif, le retour sur erreur et la consolidation par répétition.
Ce cadre théorique, validé par l’imagerie cérébrale et de nombreuses méta-analyses (OCDE, 2020), permet d’enrichir les dispositifs de formation sans allonger les contenus. L’objectif n’est pas d’ajouter, mais d’organiser l’apprentissage différemment, en respectant les capacités du cerveau humain.
À terme, ce type de démarche pourrait aider à réduire les écarts de réussite aux examens de fin d’apprentissage, mais aussi à renforcer la capacité des jeunes à s’adapter à de nouveaux contextes professionnels – une compétence attendue par 84 % des employeurs selon le baromètre Adecco–HR Swiss (2022).
Un changement de posture pour les responsables formation
Intégrer les apports des neurosciences ne signifie pas rendre toutes les formations “ludiques” ou gadget. Il s’agit d’un changement de paradigme : passer d’un modèle descendant à une architecture plus souple, itérative, alignée avec les capacités réelles du cerveau humain.
Les directions L&D en Suisse commencent à s’approprier ces données pour concevoir des parcours plus efficaces :
- en adaptant les formats aux rythmes d’apprentissage,
- en favorisant l’engagement émotionnel,
- en misant sur des répétitions espacées et des mises en pratique régulières.
En somme, former en s’inspirant du cerveau, c’est former mieux, pas plus.
Un cerveau bien entraîné vaut mieux qu’un agenda bien rempli
Face à l’accélération des transformations professionnelles, le réflexe naturel serait de multiplier les formations. Mais la quantité ne fait pas la qualité. Les neurosciences nous rappellent que l’apprentissage durable repose sur des mécanismes précis : attention ciblée, répétition espacée, implication active.
Les pratiques pédagogiques qui en tiennent compte montrent déjà des effets concrets : meilleure rétention, plus grande motivation, et un rapport à la formation qui gagne en sens. Il ne s’agit plus simplement de transmettre du savoir, mais de créer les conditions optimales pour qu’il soit compris, mémorisé… et réutilisé.
Dès lors, une question s’impose : dans vos dispositifs de formation actuels, quel espace est réellement laissé au cerveau pour apprendre ? Et si, plutôt que de remplir des calendriers, on formait des esprits capables d’apprendre plus intelligemment, tout au long de la vie ?
👉 Pour aller plus loin, une formation Swissnova permet d’explorer ces leviers en profondeur.
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